Le livre
regroupe le roman L'année du loup garou ainsi
que le script de son adaptation cinématographique Peur bleue tous deux rédigés par Stephen King.
Le roman
originel :
Initialement,
le récit devait se découper en douze chapitres courts. Un chapitre par mois,
accompagné d'une illustration de Berni Wrightson,
alias Master of Macabre (il n'a bien entendu pas été choisi au hasard) afin
de composer un calendrier. La thématique retenue par Stephen King est celle du loup-garou. Les six premiers chapitres
ont été écrits en tenant compte des contraintes découlant du format imaginé;
des chapitres très indépendants, si ce n'est leur fil conducteur (la bête),
courts, contenant de nombreuses ellipses et avec une nécessaire adaptation du
style. Il s'agit réellement d'une expérience unique et novatrice de lecture. Mais
quel n'a pas été ma déception lorsque pour la seconde moitié du récit, l'auteur
change brusquement de voie. Une rupture dans le rythme, l'apparition d'un
personnage principal (Marty) qui va s'opposer à la créature, une écriture qui
revient au style classique de King. La première partie était si intrigante que
l'on ne peut être que déçu par le roman dans son ensemble, ce dernier ne possédant
pas de réelle unité.
J'ai aimé :
·
L'idée originelle d'un roman-calendrier illustré
par Bernie Wrightson.
J'ai moins aimé :
·
Le retour à une écriture classique sur les six
derniers mois, qui trahie l'idée initiale.
·
L'absence d'unité globale qui en découle dans le
roman.
·
L'absence des illustrations de Berni Wrightson
dans ma version de poche 'J'ai lu', remplacées par des photos du film.
Conclusion :
L'idée de
départ, si originale, abouti à une première partie qui doit inventer une
nouvelle façon d'écrire pour s'adapter à la contrainte du roman-calendrier. On
est surpris, mais on ne peut qu'admirer les techniques et astuces employées par
Stephen King pour y parvenir. Dommage
que face à ce défi, l'auteur ai baissé les bras, car je reste persuadé qu'il
aurait été capable de finaliser sur sa lancée initiale et ainsi réaliser un
petit bijou de style et d'écriture.
Le script
:
Avant de
donner mon avis sur le script, je voulais préciser que je n'en avais encore
jamais lu. Celui-ci m'a beaucoup plu, car il est intéressant à plusieurs
titres. Tout d'abord, il est écrit par l'auteur du roman. On voit donc, que
modifier une œuvre en profondeur afin de permettre sa retranscription à
l'écran, n'est pas forcément une trahison. Ceci se révèle parfois indispensable
et peut même parfaire le matériau de départ. Ensuite, on sent la patte de
l'écrivain dans ce script, notamment parce que Stephen King ne peut s'empêcher de mettre de nombreuses touches
d'humour, non seulement dans les dialogues, mais aussi dans les commentaires
devant aider à la mise en scène. Il le fait, même si bon nombre d'entre elles
ne pourront être retranscrites à l'image. On a, même s'il existe des
différences (éléments de mise en scène plus détaillés, précisions sur le
cadrage,...), une véritable pièce de théâtre qui se joue devant nos yeux à
mesure que les pages défilent.
Passons à
présent à l'histoire. On retrouve une forme classique, plus proche de la
seconde moitié du roman. La temporalité calendaire est définitivement
abandonnée.
Deuxième
différence majeure, le récit se centre dès le début sur Marty, un jeune paraplégique,
alors que dans le roman, c'était la bête qui détenait le rôle central dans la
première moitié. Il est accompagné de sa sœur, qui change de nom en passant de
Katie à Jane, mais aussi de personnalité. Alors que dans le roman elle se
contente de jalouser son frère, qui obtient toujours ce qu'il veut, ici, même
si ce point reste présent, il est moins tranché et elle l'aide réellement dans
sa chasse au monstre. De plus, Jane joue le rôle de narrateur.
S'ajoute également
la classique romance du héros, même si elle reste plutôt anecdotique.
Enfin, même
si certains meurtres sont repris avec plus ou moins de fidélité, c'est
l'ensemble de l'histoire qui est réécrite et permet de retrouver une cohérence globale
absente du roman autour d'un fil conducteur unique, à savoir la relation frère-sœur.
J'ai aimé :
·
L'humour omniprésent.
·
Le style de King
que l'on retrouve et qui fait de ce script, au même titre que le roman et le
film, un objet ayant un intérêt et une existence propre.
·
La cohérence retrouvée du récit, par opposition
au roman, même si on revient à une œuvre plus classique.
·
La relation frère-sœur qui en est le fil
conducteur.
J'ai moins aimé :
·
Que le script soit plus réussi que le roman dont
il est tiré.
·
La romance qui n'apporte vraiment rien.
·
La retranscription de la 'Silver bullet' (le
fauteuil roulant de Marty) améliorée par l'oncle Al dans le film (rien à voir avec
le script, mais ce point m'a choqué dans le film qui autrement, même si l'image
a vieillie, reste un bon film).
Conclusion :
Un script bien
plus cohérent que le roman, dans le style classique de King. Ce qui me conforte dans d'idée que la forme initiale et
originale de ce dernier est finalement devenue un obstacle trop grand pour l'auteur,
qui nous a pourtant régulièrement surpris avec des approches très originales
dans ses écrits. Pris à part, je recommanderais réellement la lecture du script,
mais, rapproché du roman originel, je ne peux m'empêcher d'être un peu déçu. Un
arrière goût d'inachevé subsiste.
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